Une fois de plus, je ne vais pas être très impartiale, mais j’assume le fait de faire partie du fameux paysage, et en ce sens d’avoir choisi mon bosquet, que j’espère voir devenir une forêt.

Ni impartiale ni défaitiste, donc. Et contagieuse ? à vous de voir.

Mon parti-pris, du coup, est le suivant : progresser c’est gagner, gagner en liberté notamment, à la stricte condition de gagner collectivement. Oui, j’assume, le progrès, c’est collectif, sinon ça s’appelle la loi de la jungle (pas très moderne, la jungle).

A partir de là, je me suis permis de classer les principaux candidats actuels selon ces critères de progrès, appliqués à deux points majeurs de nos vies :

-la vie privée/sociale, en dehors du travail et des activités économiques,

-et la vie économique : toutes les façons de gagner de l’argent (principalement, pour le commun des mortels dont je fais partie : le travail) et de contribuer à la richesse commune.

Le voici, ce tableau politique à ma sauce :

candidats     socialement :   économiquement :
   réac' ou libertaire ?      réac’ ou progressiste ?                                               
Mélenchon   L	                 P
Hamon	   L	                 P
Macron	   L	                 R
Fillon	   R	                 R
Le Pen        R qui se cache  R qui se grime en P
  (de plus en plus mal)

Ah bah oui, déjà, on remarque que c’est pas bien du tout, j’ai marqué noir sur blanc que le FN nous ment.

M’enfin, j’ai le droit de dire mon opinion.

Ce qu’ils disent n’est que stratégie manipulatrice pour tenter d’accéder au pouvoir, ce qu’ils feront sera beaucoup moins rose, c’est ma conviction, et l’Histoire l’a déjà démontré, malheureusement.

La coccinelle, qui s’en souvient ? promesse d’égalité et de prospérité, faite au peuple, par un moustachu qui a finalement préféré devenir sanguinaire.

Les « anti-système » auto-proclamés (entendre « anti-démocratie », mais ça ne se dit pas… encore), ça n’est pas d’hier, et c’est pour moi le pire du réac’_voire le criminel_, qui se cache derrière le populisme.

Rien à voir ou presque mais je veux ici, par honnêteté, dire mes réserves sur M. Mélenchon. Je ne doute pas qu’il soit un homme de convictions mais je frissonne un peu quand je vois ses façons de s’emporter et de trier sur le volet les journalistes qui ont le droit de recueillir ses propos. Sans compter ses divers soutiens à de fameux dictateurs, incompréhensibles pour moi.

Tout cela ne sent pas toujours la démocratie, et parfois même me rappelle les méthodes de l’extrême droite. L’avenir me contredira, je l’espère.

Alors bon, cela étant dit, si on regarde de plus près ce tableau, on réalise qu’il y a pas mal de possibilités qui nous sont proposées, mais qu’il en manque une : où sont les réac’ sociaux économiquement progressistes (« R-P ») ?

J’imagine ce mouvement fictif comme une espèce de communisme, prônant à ce point le partage économique qu’il ne laisserait plus de place aux libertés individuelles. Quoi qu’il en soit, cela ne doit pas correspondre à une grosse demande populaire, car c’est un assortiment de valeurs pour l’instant virtuel, à ma connaissance.

L’inverse existe, lui, bel et bien, et aurait plutôt le vent en poupe à ce qu’il paraît.

Alors, penchons-nous dessus : c’est quoi cette société qu’on nous propose où on a plein de libertés sociales, mais où seule une minorité peut en jouir, puisque l’économie fera, de fait, le tri entre ceux qui ont les moyens de le faire et ceux qui ne les ont pas ?

C’est un genre de mirage, qui fait plaisir à regarder car les libertés promises sont belles, et pour sûr, elles le peuvent, puisqu’elles ne seront distribuées qu’à un petit nombre. Alors que ces utopistes de candidats « L-P » promettent des droits pour tous… pfff, n’importe quoi.

C’est beau, ce nouveau centrisme, c’est bien dans l’air du temps, économiquement et socialement, mais ça concerne qui ?

Tout se joue là, justement, c’est que la liberté sera magnifique, mais qu’il faudra faire partie des petits privilégiés pour l’atteindre réellement. Ca plaît, ça, l’idée qu’on fait partie du lot, qu’il y en a autour qui nous regardent en bavant.

Franchement, s’il n’y a personne pour nous envier, à quoi bon jouir de la vie ?

Un ovni, situé juste en dessous, nous promet la grosse punition, comme du temps de papa : tu fermes ta gueule et tu raques pour qu’on puisse se la couler douce aux frais de la princesse. Je suis curieuse de voir combien ce programme peut rassembler de votants… Combien, dans notre pays, y a t’il d’hommes, hétéros, riches, réac’ et ennuyeux ? on verra ça en avril, sauf si… enfin, on verra (note post-premier-tour : y'avait pas que des hommes ! y'a leurs femmes soumises aussi, et ça fait 19%, mais la bonne nouvelle c'est qu'ils sont pour la plupart âgés... reste à ce qu'ils ne soient pas remplacés par une nouvelle génération de clones ?) .

A l’opposé de ça, nous avons les deux premiers, ces utopistes qui nous promettent le beurre et l’argent du beurre, comme des enfants qui n’ont pas bien appris leur catéchisme et ne savent pas qu’à un moment donné il faut souffrir pour que d’autres soient beaux.

La question que je me pose_tout en sachant bien ce que la présidentielle a de « séducteur », de personnification et donc de subjectif, pour l’électorat_, cette question donc, c’est, si l’on écarte le vote « irrationnel » (à la gueule du client) et qu’on ne s’attache qu’aux idées proposées dans les programmes : à quoi ressemble aujourd’hui le paysage électoral ?

Qui veut aujourd’hui des libertés sociales pour tous ? A peu près tout le monde sauf la manif' pour tous, grosso modo.

Et qui veut partager les soussous ? Un peu moins, sans doute. On doit avoir ici une ligne de démarcation qui doit varier selon le ressenti psychologique de chacun, sa feuille d’impôts, les heures qu’il fait pour pas grand chose, sa peur de perdre son emploi, de ne pas pouvoir payer ses crédits, ou sa jalousie vis à vis de ceux qui lui semblent moins légitimes que lui pour avoir les mêmes droits. Ca fait beaucoup de données. C’est là que se joue l’élection, c’est clair. On peut vivre avec peu et pourtant ne pas avoir envie que le partage soit fait, de peur, peut-être, de finir avec encore moins. Ce n’est pas moi qui vais critiquer cela, les politiques nous ont déjà montré à maintes reprises qu’en terme d’injustices, ils étaient capables de tout.

Il me semble qu’on peut déduire de tout cela que la problématique actuelle se centre quasi-exclusivement sur l’économie (les libertés sociales faisant l’objet d’un consensus net), et que l’électorat peut basculer facilement d’un côté comme de l’autre, selon ses peurs et/ou sa confiance envers les projets qui nous sont proposés.

Ca veut dire, messieurs-dames les politiques, que ce qu’il faut blinder c’est votre chiffrage économique, vos échéanciers, vos méthodes pour allier les contraintes économiques mondiales avec votre programme. Et qu’il faut progresser en pédagogie pour nous expliquer tout bien comment vous allez faire.

Je ne l’ai pas précisé mais je pars de l’hypothèse que les programmes affichés le sont sincèrement, sans mensonge électoraliste. Ma naïveté dépasse l’entendement. C’est ce qui fait mon charme.

Je finis cet édifiant article avec une remarque, en ces temps de gloubi-boulga politique : la gauche, c’est le partage, ça l’a toujours été, clairement : le partage social et économique.

Ceux qui ces dernières années se sont dits de gauche alors qu’ils privilégiaient la finance et les nantis qu’elle engraisse sont des imposteurs.

M. Macron, pour ce que l’on sait actuellement de son programme, est donc un centriste traditionnel : un centriste de droite. Et tous ceux qui le rejoindront sortiront enfin du bois.

Ca fera plus de place dans ma forêt, de l’air et de la lumière pour qu’elle puisse se développer.