C'est une affaire de sexisme qui m'amène à publier à nouveau, mais ce qu'elle m'a enseigné est en fait universel et peut s'adapter à bien des sujets.
Cela fait quelques temps que je furète et me renseigne sur ce que pourrait être résister aujourd'hui.
Le contexte s'y prête, et les sujets sont nombreux à propos desquels l'envie de résister nous prend aux tripes.
Et puis on est pris dans le quotidien, les urgences (souvent relatives), les bobos, les soucis, gagner sa croûte, tout ce qui chaque jour nous fait repousser l'essentiel au lendemain.
Vous savez, l'essentiel ? la fameuse histoire du saladier qu'il faut remplir de cailloux de toutes tailles, des grains de sable au grosses pierres. Si vous ne connaissez pas, elle doit bien traîner quelque part sur le web. Je vous raconte tout de suite la fin, attention, fermez les yeux si vous voulez garder le suspense : la philosophie qui en ressort c'est que, si on veut que notre saladier de vie soit rempli de toutes les choses que l'on souhaite, il faut commencer par y mettre les grosses pierres.
L'essentiel.
L'essentiel, donc : ce qui fait que, s'il n'est pas là, tout le reste disparaît.
L'essentiel, ça pourrait être, par exemple, la démocratie.
Les droits de l'Homme.
Les droits de la femme, à égalité avec ceux de l'homme. Je ne parle que des droits, bien sûr nous sommes différents, mais quand la différence amène l'inégalité, on a déjà perdu un bon peu de ce qui fait l'humanité.

Si nous perdons ces essentiels, il nous restera pas mal de temps, chouette, pour réfléchir à tous les petits soucis qui constitu(ai)ent le reste : rembourser ses emprunts, obéir au chef, ne pas décevoir ses collègues, acheter les bonnes marques à mes gamins, qu'est ce que les invités vont penser si ma maison n'est pas parfaitement immaculée et parfumée ?
Sûr qu'on en aura, du temps, cachés dans un fossé, en prison, ou pire encore, pour cogiter sur tout ce qui sera devenu un souvenir.
Bon, là, à ce stade, si j'ai besoin de vous convaincre qu'on risque si gros que ça aujourd'hui, allez bouquiner l'Histoire des guerres, et vous verrez qu'elles ne préviennent que rarement avant de débarquer. Ensuite, revenez me voir, ça me fera plaisir.

Mais comment on fait, alors, pour résister ?
Et à quoi on résiste ? à qui ? autour de nous tout est pareil, on est tous dans la même galère, à moins de buller dans les hautes sphères, mais ceux là lisent des intellos bien plus côtés que bibi !
Résister, c'est pas un peu grandiose comme terme, pour une société comme la nôtre ? On est pas si malheureux, allez ! Arrêtez votre nombrilisme, les bobos, retroussez vos manches, bougez vous le cul, sortez le nez de votre petit nombril !
Ah, vous êtes déjà revenu ? Tiens, par exemple, ça, j'ai vraiment envie d'y résister.
Aux propos bien-pensants, bien dans le courant dominant, bien conformes à l'indicible norme qui nous gouverne.
Aux propos sexistes aussi, bien sûr, et aux petites attitudes mesquines qui en sont, sans vouloir en avoir l'air.
Aux leçons d'économie professées par des riches "QPLOPPPLT" _des très riches, des qui planquent l'oseille pour pas payer leurs taxes_ qui n'ont aucun intérêt à ce que ça change, donc.
Aux leçons de politique, par les mêmes.
Aux leçons de vie, par les mêmes.
Aux leçons d'économie, de politique et de vie professées aussi par ceux qui ne font pas partie des QPLOPPPLT, non, mais aimeraient bien leur ressembler, et qui se contenteraient bien, en attendant, d'un petit privilège par ci par là, pour pas être comme tous ces minables, ces ratés, ces feignants, ces profiteurs du système et ces assistés en tout genre, quoi !
Mais vous êtes encore là !?
Y'a pas Hanoutruc qui passe à c't'heure ci ?
Résister, disais-je, à tous les diktats, en espérant que ça nous évite d'avoir un jour à lutter contre des dictateurs. Ils ne sont pas si loin. Et ils sont de plus en plus nombreux.
Bon, admettons, lutter contre les diktats quels qu'ils soient, mais comment ? et avec quoi ? nos petits poings ? on a déjà assez de boulot comme ça !
Eh bien c'est là que je voulais en venir : résister comment ? assez simplement, finalement, sans grand bruit mais avec constance et persévérance.
Simplement en choisissant son camp.
Ne plus être un témoin passif mais une personne responsable, engagée.
Encore un grand mot ! Pour des trucs tout bêtes, de gamins donneurs de leçon !
Si c'est si bête comme chou et si simple à faire, alors pourquoi si peu de gens le font ?
La minorité qui ouvre sa bouche haineuse pour porter la parole du plus fort, elle le fait, elle, mais nous, les autres, la majorité silencieuse, on n'a pas le courage de leur faire front.
C'est pourtant pas la mer à boire, juste choisir son camp.

Mais la première chose à laquelle je dois résister, pour faire ensuite la fête à tout le reste, c'est à mon bon vieux laissez-faire, qui frôle parfois, avouons-le, le fameux je-m'en-foutisme.
Résister à cette bonne vieille tendance à relativiser, comparer, se rassurer quoi.
Parce qu'un jour, se rassurer, ça ne suffira plus !
Rassure-moi, il n'est pas en train d'arrêter des gamins, là, le milicien ?
ben si.
ah merde, c'est trop tard là non ?
ben oui.

Prenons un exemple, tiens.
Au moment où on réalise que les femmes les plus haut placées de notre société endurent en silence les propos et gestes de ceux qui ne croient pas en leur fameuse égalité de droits, ceux que, disons le clairement, elle fait même sacrément marrer, cette stupide idée d'égalité ! Une vraie idée de bonne femme tiens ! ou de tarlouze ? rha ha ha elle est bonne celle là, t'es impayable Pierre-René-Patrick !
Bon, restez, après tout, on n'est pas sectaires.
Donc, à tous ceux qui voient passer ces gestes, qui entendent fuser les remarques, dès lors qu'il y a au moins deux témoins courageux, ce que je vous propose, c'est de le mettre en ligne, sur un site, je sais pas moi, un truc moderne, j'y connais rien, vous m'avez pris pour qui ?
Bon, bien sûr, on parle ici de propos public, collectif, pas de dénonciation de choses faites en privé, c'est grave pareil, bien sûr, mais ça ne peut se régler qu'en individuel, devant la loi.
Non, on parle bien des actes publics, volontairement provocateurs, des trucs qu'on balance fièrement devant une assistance qu'on pense acquise ou du moins suffisamment habituée pour ne pas les relever. Le douillet entre-soi, la petite zone d'influence qu'on estime posséder. Et rien ne nous contredit.
Sauf...
Sauf si on arrête de laisser passer. Et si on publiait ces actes nominativement pour que tout le monde puisse les connaître ?
Rien que ça, déjà, ça en calmerait pas mal.
Une petite décision et c'est le point de bascule. Le changement de camp de la honte. L'obligation d'assumer ses actes devant la République et pas que devant un petit public.
Et c'est valable pour tout.
Qui essaie ?
Une page pour le sexisme, une page pour le racisme, une page pour l'homophobie, #unepagepour... à vous de jouer !