Le moment, où l'on parle du mariage pour tous, est mal choisi pour débattre de cela.

Je suis pour l'ouverture des droits à tous, sans discrimination.

Se battre contre l'extension d'une liberté me paraît d'ailleurs inimaginable dans un monde moderne. Honte à toute manif qui milite pour une privation de droits.

C'est sans doute le statut du mariage qu'il faudrait changer, car pour moi, mariage et enfants sont totalement dissociables, on peut se marier sans vouloir d'enfants, et vouloir des enfants sans avoir envie de se marier, les lier relève d'une conception patriarcale de la société qui est heureusement vouée à disparaître.

Cependant, en ce qui concerne les droits de l'enfant, et en les séparant donc clairement de l'actualité, cela fait longtemps qu'on aurait dû avoir un débat républicain sur l'encadrement des soins et de l'éducation qui sont donnés aux personnes mineures :

-on n'a pas le droit de priver un enfant de la connaissance de ses parents biologiques (géniteurs), ni du lien qui les unit, aussi loin qu'ils ont envie de le tisser ensemble, et ce même si l'enfant a aussi d'autres tuteurs.

-pouvoir concevoir un enfant ne veut pas dire qu'on est capable de l'éduquer seul (on peut avoir besoin d'aide pour ça, si on manque de moyens physiques, intellectuels, psychologiques ou d'autonomie), et inversement, ce n'est pas parce qu'on ne peut pas concevoir un enfant qu'on n'a pas la capacité d'en éduquer un, d'être tuteur.

Ces deux étapes de la vie sont entièrement différentes : la capacité biologique est donnée à certains, et elle ne doit pas être la condition indispensable et nécessaire à la mission de tuteur, c'est totalement arbitraire.

-l'enfant, surtout en bas âge, a un besoin relationnel évident, qui se tissera avec ceux qui prennent soin de lui, et, parmi eux, si celle qui fabrique son lait est en capacité et a envie de le lui donner, vu les échanges relationnels qui se tissent pendant l'allaitement, rien n'autorise à l'en priver ! Je suis loin d'être réac, je suis sûre que des hommes peuvent materner avec amour, mais le lait maternel est produit par des organes qu'ils n'ont pas et il reste le meilleur pour l'enfant, dans la mesure où il est donné avec bonheur et amour, et je serais choquée qu'on sépare artificiellement l'enfant de sa mère à la naissance pour le nourrir de biberons. Il en va d'ailleurs de même pour le père biologique, qui est en droit de donner son amour à l'enfant, comme son enfant est en droit de le recevoir.

Louer un ventre, donner son sperme, sont pour moi des actes incompréhensibles. Pourquoi tenir à initier une conception en dehors de tout amour entre les géniteurs, quoi qu'il en coûte ? La seule raison que je vois est la difficulté d'adopter un enfant, mais si cette adoption est facilitée, notamment par l'autorisation de multiplier le nombre de tuteurs pour chacun d'entre eux, le problème ne se posera plus :

-l'enfant, en grandissant, a besoin de nombreux tuteurs successifs ou simultanés pour se construire de façon équilibrée, il faut donc autoriser toute personne que ses parents choisissent pour lui, puis que l'enfant désire avoir dans son environnement, à exercer la fonction de tuteur pour lui.

En résumé, quand l'enfant est trop petit, essayons de ne pas briser le lien qui le rattache à la vie : les bras et le sein de sa mère et de son père (même si d'autres peuvent tisser un lien en parallèle, évidemment), et quand il grandit, laissons le choisir qui il le désire pour guide, encore une fois sans en limiter le nombre.

Toutes les relations se complètent, elles doivent s'harmoniser et elles y arriveront dès lors qu'elles sont toutes basées sur le désir de guider et d'aider un enfant à devenir un adulte autonome et heureux. On ne doit pas en exclure une sous prétexte d'en bâtir une autre.

Arrêtons de toujours relier l'amour à l'adjectif "exclusif" ! ...dans tous les domaines.

merci au juge J.Pierre Rosenczveig de m'avoir donné l'occasion de poser mes idées au clair, par son article du 12 janvier 2013