"Garçon manqué"

Film réussi

On a remis ça, oui, on est retournés au ciné en famille.

Et bizarrement, au lieu d'aller voir l'incontournable "Monsieur Papa" (incroyable n'est-il pas ?), on s'est "risqués sur le bizarre", l'OVNI du moment.

Et je ne regrette pas, mais alors pas du tout ! (vous l'aviez deviné, sinon je ne serais pas en train de vous en parler... mes lecteurs sont d'un niveau intellectuel sidérant... j'ai des lecteurs moi ? première nouvelle, merci de me prévenir)

Dommage qu'on ait lu le résumé avant, tout de même, dommage qu'on ait vu la bande annonce aussi (pourquoi dévoilent-ils dans leurs extraits ce qui serait une saisissante surprise ?! bizarre, vraiment). Vous êtes prévenus, donc, arrêtez de lire tout de suite si vous ne l'avez pas encore vu.

Pourquoi ça nous interpelle tant, pourquoi ça nous met autant mal à l'aise de ne pas connaître le sexe d'une personne ? d'un enfant, même ? pourtant encore "asexué". Alors que, zizi ou pas zizi, il reste le même, dans son corps et dans sa tête. C'est nous qui le voyons différemment.

Parce que le sexe est partout. Il dicte nos vies, il imprègne chacun de nos gestes et chacune de nos pensées. Et non ce n'est pas façon de dire qu'on est tous des obsédés : il faut prendre ici le terme "sexe" comme une entité bien plus large que la seule sexualité physique. Même si tout cela en émane. Et en émane tellement que ça imprègne aussi la vie de nos enfants, à l'âge où ils devraient encore s'en foutre comme de leur future absence de retraite...

On a tellement tout calqué sur l'identité sexuelle des personnes qu'il nous est impossible de nous en affranchir, à tout âge.

Tu es enceinte ?! Alors, fille ou garçon ? c'est important, tout de même, pour la couleur de la chambre, des layettes...

Bébé est né, ouhlala ce qu'il crie... c'est une fille ? normal, hystérique de nature. Un garçon ? il se fait la voix...

Bébé grandit, il a les jeux de son genre, son identité sexuelle va croître de façon exponentielle dans les années qui suivent. Papa et maman vont, sans s'en rendre compte, agir en fonction de l'image qu'ils se font d'une fille ou d'un garçon.

Petit gars ou petite fille rencontre les autres, à l'école. Dès la maternelle, les filles discutent dans la cour tandis que les garçons jouent au ballon. A l'âge de la primaire, les jeux sont faits ! Le film le montre simplement : Lisa n'a pas le droit de jouer au foot : "elle est trop nulle".

Laure, elle, a le droit. Elle a le droit de jouer au foot, de se bagarrer, de cracher par terre (chacun ses mauvais goûts), de se mettre torse-nu. D'être bien, quoi, de faire ce qu'elle a envie de faire.

Elle a tous les droits, les droits des garçons. Et elle gagne parfois ! à la bagarre, au foot, à l'amour aussi tiens.

Mais scandale ! c'était une fille ! De quel droit a-t-elle pu faire tout ça ? et battre des garçons en plus ! non, ce n'est pas possible, c'est pour ça qu'on les exclut dès le départ, comme ça on est vraiment sûr que ça n'est pas possible.

Alors, pour faire le tri le plus tôt possible, on préfère savoir tout de suite, savoir à qui on a affaire, mâle ou femelle, afin d'agir en conséquence. Et si tu profites de ces quelques années de bonheur qu'est l'enfance pour jouer de ton "androgynie" naturelle, ne t'en fais pas, tu ne perds rien pour attendre. Le temps te rattrapera, tu devras choisir ton camp. Et si tu as le mauvais goût d'être androgyne à l'âge adulte alors malheur à toi... les deux clans te rejetteront. Tu ne trouveras pas d'allié. Tu devras répondre à des interrogations incessantes. Bonjour m'sieur-dame... monsieur ? madame ? choisis, on te dit, tu ne peux pas rester indéterminé.

Et c'est cette société, ainsi imprégnée, qui voudrait nous faire croire que le sexe est tabou, qu'il doit rester dans les zones sombres de notre inconscient, comme une grosse honte à cacher à tout prix.

Je suis comme je suis, mon corps est une entité, aucune zone n'est plus honteuse qu'une autre, et moi j'ai besoin de tout ça pour exister. Le nier permet de maintenir et la honte dans le clan des "sans-zizi", qui baissent les yeux quand un "avec-zizi" les reluque ou les toise, et la sensation de supériorité chez les seconds, qui n'ont pourtant pas plus à se glorifier dans la chair que les femmes qu'ils soupèsent de leurs regards et de leurs mots.

Non je n'ai pas honte d'être femme, et le prochain qui veut m'y obliger, je l'abats d'un regard-qui-tue. Non mais.

A quand la fin de l'hypocrisie ?