Eurëka ! (ou presque... enfin, un petit ah-ouais pour vous peut-être, mais un grand HIPIPIPHOURRA pour moi !) Je vous raconte : j'en étais toujours à me demander comment s'articulent en nous les différents types relationnels, l'amitié, l'amour amoureux... je sais, je radote, mais finalement ça y est, je crois que j'ai sauté le pas !

Pourquoi on a si PEUR de tomber amoureux d'un ami ? pourquoi c'est comme si on marchait au bord d'un précipice et qu'on ne savait pas quand le coup de vent allait nous emporter (ou pas) ?... comme si on perdait conscience, qu'on tombait dans les pommes, d'un coup.

Et c'est ça : on perd conscience !

Voyez-vous, il existe une... fracture... cérébrale... votez pour moi. Hum, pardon, c'est les pommes, je crois. Non, il existe bel et bien un côté pile et un côté face à notre personnalité :

-un côté conscient, objectif, lucide, auto-critique

-et un côté sombrrrrre : le côté où l'"ego" reprend le pouvoir ! dirigé par nos pulsions et les cachotteries de notre inconscient.

Bon, il y a sans doute des termes déjà éprouvés pour ces données, et puis des manières bien plus scientifiques d'exposer la chose, mais je vous livre mes trouvailles comme elles sortent, dans leur côté pratique, quoi.

Et figurez vous que cette "découverte" a de multiples aspects pratiques !

Vivre en toute conscience, voilà l'objectif, donc. Connaître ses faiblesses, ses "torsions", pour pouvoir vivre avec, sans en souffrir ni se laisser mener par elles, et pourquoi pas même les dénouer doucement au fil du temps.

Pour parler en termes métaphoriques, c'est comme le Père Noël : le jour où l'on n'y croit plus (et devinez : mes enfants n'y ont jamais cru, j'y ai veillé ^^), on peut enfin vivre Noël comme on en a envie, se créer sa propre magie, faire soi-même les cadeaux, être pleinement heureux et savoir pourquoi, grâce à qui ! On n'y perd pas en intensité, non, je ne crois pas, on a toujours des tas d'émotions et de frissons, mais on sait alors trier les bénéfiques de celles qui nous nuisent, et profiter donc encore plus du côté positif de l'évènement ! Et, une fois qu'on le "maîtrise", on peut même faire Noël tous les jours...

Alors, mettons ensemble exemples et applications, pour que ce billet soit digne de la partie "parlons concret" :

Vous connaissez "l'éducation consciente" ?

Moi ça ne fait pas si longtemps.

Et au début j'avais un gros a priori négatif sur ce terme, qui sentait son bon chic bon genre, son snobisme même pas honteux.

Eh bien en fait, c'est simplement qu'il n'y avait pas moyen de nommer cela autrement : éduquer consciemment ses enfants, c'est avoir pris conscience, assimilé, digéré et maîtrisé les ombres tapies dans le fond de notre inconscient. C'est avoir réalisé à quels moments on agit objectivement et à quels moments on ne fait que "suivre" comme un zombie les schémas qui ont été installés en nous quand on était en pleine construction, dans notre jeunesse... c'est un cheminement, progressif, constamment en évolution, qui nous amène à interagir avec nos enfants dans le seul but de les aider, de les autonomiser, de répondre à leurs seuls besoins... et pas aux nôtres, à nos manques, à nos douleurs.

Accéder au côté conscient c'est gravir une montagne, effectuer une lente ascension vers un monde "supérieur" , sans notion de jugement, juste supérieur parce que difficile à atteindre, duquel on a une vue bien plus claire et générale, un recul et une distance face aux remous et au bouillonnement de notre inconscient.

Et "retomber" dans les douleurs et les courants de l'inconscient, c'est un risque permanent, le risque de trébucher sur le chemin qui monte, de glisser et de dévaler la pente... jusqu'en bas. Ca arrive si vite qu'on a parfois bien du mal à ne pas tomber. Et plus on tombe, plus on va vite, moins on arrive à s'accrocher aux branches du chemin. Il faut sans doute travailler sur les moyens de prévention, sur la façon d'éviter de trébucher, il doit y avoir des signes précurseurs, des codes à connaître, différents selon chacun, ça fait partie du travail de l'ascension.

L'éducation consciente c'est donc le désir assumé de ne vouloir que le bien de l'enfant, son bonheur, son épanouissement, sans arrière-pensée égo-centrée, sans assouvissement masqué de désirs personnels. C'est très difficile, c'est impossible d'y arriver parfaitement, mais c'est le meilleur moyen de rendre nos enfants heureux, au présent, au futur, et au pluriel aussi. Leur bonheur retentira sur nous et sur les autres.

Mais vivre "consciemment" ce n'est pas qu'éduquer : c'est aimer aussi.

Finalement c'est traiter tout un chacun comme ses enfants, pour ce que l'on vient de voir : c'est vouloir le bien de l'autre, son épanouissement, son autonomie, sa lucidité, son bonheur en somme, et celui des siens.

C’est l’exacte définition de l’amitié telle que je la conçois.

Et, je lâche le morceau, toutes mes excuses, mais c’est aussi l’exact contraire de l’acte de tomber amoureux…

Aimer l’autre en ami c’est l’aimer tel qu’il est…

…là où tomber amoureux c’est se l’imaginer tel que dans nos rêves, nos fantasmes, nos désirs inconscients : tout sauf la réalité.

Aimer un ami c’est être lucide sur son compte…

… être amoureux c’est se voiler la face, jusqu’à nier l’évidence, et souffrir un jour de ce choc entre rêve et réalité.

Aimer l’ami c’est vouloir son bonheur à lui, et qu'il puisse en profiter en toute liberté…

… être amoureux c’est vouloir au fond son propre bonheur (sans se l'avouer), quitte à priver l’être aimé de sa liberté, de ses droits, de son intimité, pour mieux se les approprier.

Aimer l’ami c’est ne pas avoir peur de lui dire en face ses vérités, si cela peut l’aider à avancer, même si ce moment n’est confortable ni pour l’un ni pour l’autre…

…être amoureux c’est dire à l’autre tout ce qu’il souhaite entendre, pour entendre en retour tout ce que l’on souhaite, même si au final tout cela nous rend malheureux lorsque les masques tombent.

Aimer l'ami c'est accepter, en retour, qu'il nous ouvre les yeux, qu'il nous mette devant nos contradictions, lui qui a sur nous un regard souvent bien plus lucide que le nôtre...

... être amoureux c'est s'offusquer de tout ce qui n'est pas flatteur, c'est refuser tout ce qui n'est pas un compliment, occulter tous les mauvais côtés, tout ce qui ne nous donne pas la vision idéale de nous-même que nous rêvons d'avoir.

S'aimer en amis, c'est avancer ensemble, forts de cette symbiose, sur la route de la connaissance de soi et de l'autre, gravir le chemin vers le sommet bien plus efficacement que tout seul, se faire soutenir par l'autre lorsque l'on sent que l'on pourrait trébucher...

... trébucher en tombant amoureux, par exemple, de lui ou d'un autre.

Plus on a d'amis, plus forte est l'amitié, plus important est le soutien et moins grand le risque de retomber dans l'inconscient, de succomber à nos désirs enfouis.

Succomber au désir, rien de mal à ça, hein, entendons-nous bien. C'est bon de sentir son coeur battre, de céder aux émotions, de se sentir aimé, désiré par un autre (et réciproquement), surtout si cet autre nous aime pour ce que l'on est ! Savoir qu'il nous aime à ce point tout en nous connaissant parfaitement, quoi de plus beau ? de plus jouissif ?

Les désirs qu'il est préférable de calmer ce sont ceux qui nous sont dictés par autre chose que la recherche consciente du bonheur, parce que ces désirs là nous font prisonniers, nous attachent des oeillères et nous laissent tomber, un jour, en nous abandonnant face à la réalité et tout ce que ce choc comporte de souffrances. Lorsque l'amour est basé sur une illusion, le jour où il s'éteint c'est la fin de tout. L'écroulement total. La perte de tous les repères, le risque de se perdre soi-même, la certitude de souffrir énormément en tout cas. Les amoureux se maintiennent réciproquement dans l'illusion, l'illusion du bonheur, jusqu'au jour où les masques tombent, et là on comprend que cet amour ne nous a pas amenés au bonheur, mais bien, au contraire, à la douleur.

L'amitié, elle, est consciente, lucide, franche, source de bonheur, mais polyvalente aussi : elle peut s'accompagner de désir, de plaisir, d'émotions fortes... seulement attention à une chose : plus ce tourbillon d'émotions est puissant et plus il faut que l'amitié soit forte pour se maintenir à flanc de côteau. C'est un vrai sport. De l'escalade. De l'équilibrisme. Du jonglage aussi parfois.

Et moi qui ai peur du vide...