Voui, bonjour messieurs, c’est bien de vous qu’il s’agit.

Voici, sous un titre accrocheur, la première leçon de choses que j’avais envie de vous proposer, quant à la meilleure compréhension de ce sexe, tantôt nommé faible, tantôt nommé féminin, bref, de ce sexe qui n’est pas le vôtre. Tss tss, bas les pattes ! Il s’agit de notions abstraites, uniquement…

Voilà bien le problème au fait : l’irrésistible, irrépressible et, disons-le, quasi-bestiale attirance que ce doux sexe vous inspire. On est d’accord, il arrive que cette attirance soit réciproque, et s’ensuit alors un moment bien agréable, partagé, revivifiant et bénéfique aux partenaires en question… mais ce n’est pas toujours le cas, loin s’en faut !

Brassens parlait de 95% de femmes qui s’emmerdent… les connaissances et la libération (relative) de notre époque autorisent à penser qu’elles sont sans doute, heureusement, aujourd’hui plus de 5% à prendre leur pied… mais, si ça se trouve… elles s’emmerdent tout autant ! Ben oui, c’est chouette la mécanique, ça marche pas mal, enfin il faut encore souvent se débrouiller un peu toute seule de son côté, mais c’est sympa quand même… ça passe le temps. Mais c’est pas ça qui nous fait courir, nous.

Certes, grâce à cette évolution féminine, ils sont sans doute de moins en moins nombreux, les allumeurs du corps, qui vous donnent envie et puis vous laissent sur le bord du chemin, tiens t’as qu’à t’rhabiller toute seule quand t’auras fini, moi j’ai juste appris à dégrafer les soutifs d’une main… voilà voilà.

Mais cette population, heureusement sur le déclin, en cache une autre… les allumeurs du reste, les grands innocents qui n’ont jamais appris ce qui se cache derrière le soutien-gorge sus-nommé… mais non, pas seulement un sein : là, derrière ce sein… oui ! bravo monsieur à ma gauche : un cœur. Vous en avez un aussi, certes, il vous sert également, on ne le niera pas, ne soyons pas misoandres (tiens ? ce mot n’existe pas ? bizarre…), vous progressez dans ce domaine, c’est certain. Vous assumez de mieux en mieux votre part « féminine ». Bravo bravo. Mais il n’a pas l’air relié de la même façon que chez nous avec votre cerveau et votre engin là, en bas, si ? Y’a des problèmes de connexion, parfois, non ? chais pas, des courts-circuits ou des bugs, pour parler un peu mécanique ?

Bon, d’accord, admettons-le de manière bien fair-play, c’est sans doute normal pour vous, étalons procréateurs de métier, d’avoir des facilités à passer à l’état d’excitation virile, quelles que soient les circonstances, les personnes, l’atmosphère… mais c’est là que le bats blesse : ce qui est normal pour vous, soit, acceptons le, mais j’ai le devoir de vous informer que ce n’est pas la norme universelle.

Pour vous, la moindre donzelle qui vous aura fait un clin d’œil et n’aura pas assumé les suites de son acte sera traitée d’allumeuse, sans besoin d’autre justification. Soit.

Eh bien pour nous, les 50 et quelques autres pour cent du globe, c’est en toute justice aussi que nous avons le droit de traiter d’allumeur tout mâle séduisant, roulant des mécaniques, se montrant sous son jour le plus flatteur, et qui nous laissera au bout d’un temps variable le cœur gonflé d’amour sans plus rien pour l’enlacer. Je vois bien que vous commencez à vous échauffer, c’est toujours la même chose, mais qu’est-ce qu’elles veulent à la fin ces gonzesses ? oui, même vous, monsieur, là, à ma gauche, vous n’y comprenez mie… ce n’est pourtant pas très compliqué : il est beau, ah ça oui, le jeu de la séduction, il marche assez bien, on se fait tout beau, on cache ses défauts sous le revers du manteau, parfait. On sait tous et toutes à peu près faire… mais si seulement on jouait au même jeu ! Celui avec qui on gagne la partie, nous les filles, ce n’est pas celui qui est le plus performant sous les draps : c’est celui qui nous AIME ! Voilà, le mot est lâché, ce n’est pas pour la culbute que l’on participe, nous, c’est pour être aimées, chéries, cajolées.

Mais ne partez pas de suite en grommelant, personne ne vous parle mariage, bijoux, amour éternel, et encore moins fidélité. C’est simplement que, nos règles du jeu à nous, ce ne sont pas celles de la partie de jambes-en-l’air (enfin, parfois, bien sûr, mais la plupart du temps c’est uniquement un bonus, le jackpot de la fin, la petite cerise sur le gâteau, qu’on aime croquer une fois que l’on s’est délectées du reste), ce sont celles de la partie de franc-jeu, les yeux dans les yeux, vos mains sur notre peau, nos âmes en face à face. Et pour notre plus grand malheur, ce jeu prend plus de temps que le vôtre, d'où les "game-over" anticipés que nous nous prenons régulièrement dans les dents.

Mais pas de lézard. Il se peut très bien que la partie soit courte, qu’on ne s’y plaise pas, qu’elle soit intermittente aussi parfois. Et alors ? Ca ne fait rien, l’important c’est d’essayer. Peu importent le rythme, la fréquence, la longueur ou encore l’exclusivité des échanges, ce qui compte c’est leur sincérité. Je parie toutes mes petites culottes que la plupart des femmes préfèreront mille fois un homme qui leur dise franchement ce qu’il pense d’elles, qui ne leur promettra pas monts et merveilles, mais qui saura tendre son épaule au moment où elles en ont besoin. Comment dites-vous ? Un ami ? Mais oui, c’est ça ! C’est exactement ça : un ami, avec tous les défauts de la terre si ça se trouve, coureur, frimeur, égoïste pourquoi pas, mais en qui on pourra avoir confiance, contre qui on pourra se blottir certains soirs d’hiver.

Allez, parlons franchement : combien sommes-nous, mesdames, à nous plier à la norme de la vision masculine : "tout câlin commencé ne saurait que très rarement se finir sans accouplement" ?… Et après l’accouplement, plus de place à la passion, juste le temps de la fatigue. Ron-pschi. Et plus ça va, plus on passe vite aux choses sérieuses, moins on prend le temps de cheminer sur les rives de la tendresse, des caresses, des regards, plus on se fait arnaquer quoi. Plus ça va, plus on a envie de crier « petit allumeur ! ». Avouez, les copines, combien êtes-vous à accepter l’acte sexuel uniquement pour les bribes de tendresse qu’il vous procure ? Combien de fois sur cent préfèreriez-vous un échange de caresses et de baisers enlacés, plutôt que tout le bastringue ? Et combien de fois êtes-vous restées sur votre faim ? Je parle de votre faim de douceur.

Alors parce que la libido des hommes est plus musclée que la nôtre, on devrait se sacrifier sans cesse pour leur bon plaisir ? Je ne dis pas, pourquoi pas, on peut faire des efforts, aller dans leur direction, mais seulement s’ils en font aussi ! Nous c’est notre cœur qui est plus gros, notre peau qui est beaucoup plus assoiffée que la vôtre, et c’est quand que vous y pensez ? C’est quand que vous faites un effort ? Oui oui, les petits massages, parfois vous avez la gentillesse de nous en proposer, avec un joli sourire. Mais c’est quand qu’ils sont gratuits ?! Elle tombe très vite, la note, et elle est parfois salée.

Même si ce n’est que de temps en temps, nous on veut des moments où on peut savoir qu’on n’attend rien de nous. Le flirt, réhabilitons le flirt ! A mon avis, vous serez étonnés, les gars, de voir que les filles peuvent être demandeuses de câlins, si on leur laisse le temps.

Voilà, vous êtes prévenus, désormais c’est comme ça, dommage pour vous mais la maison ne fait plus crédit : vous, vous payez d’avance. Et cash. On vous a trop longtemps autorisé l’ardoise, à vous de faire un petit geste. La période de transition sera sans doute un peu brouillonne, mais vous verrez, on peut jouer le même jeu, dès lors que vous êtes un peu patients et que vous passez par la case tendresse, avec en main les cartes de la sincérité et de l’honnêteté. C’est donnant-donnant, bien sûr. Et puis ça donne l’occasion de parler, de savoir ce que l’autre aime, ce dont il a envie. On lit la notice avant de monter, s’il vous plait…

Et vous les nanas, mettez-y du vôtre aussi, arrêtez de vouloir à tout prix être « sexys » ! comme si tout ce que vous cherchiez c’était à éveiller l’intérêt sexuel… allez, dites-le que ce que vous tentez pitoyablement, en mettant en avant lèvres et poitrine pulpeuses, c’est juste à être, hum, tendressy… beurk, c’est moche. Euh… un aimant à tendresse ? un doudou à cajoler ? une fascinante personne à dévorer du regard sans pouvoir s’arrêter… ohla, n’en demandez pas trop non plus…

L'essentiel à savoir, donc, si l'on devait résumer ce fouillis, serait que les femmes se sentent aimées par la tendresse, et que les hommes, eux, se sentent aimés par le désir... quand on sait que les preuves d'amour de l'autre sont différentes des nôtres, déjà on s'affole moins, on ne se pense plus délaissé si l'on manque de tendresse (pour une femme) ou de "sesque" (pour un homme), et on peut faire un pas vers l'autre en parlant son langage à lui...

Allez, faisons un essai : et si, à partir de maintenant, les galipettes n’étaient plus QUE sur demande expresse féminine ? Si ces messieurs n’étaient plus du tout entreprenants ? juste aimants… qu’est-ce qui se passerait ? Les poules auraient des dents ? peut-être… Mon petit doigt me dit que les câlins seraient surtout bien plus spontanés, désirés, sincères (et du coup flatteurs) et agréables pour tout le monde… et peut-être pas bien moins nombreux qu’aujourd’hui… qui sait ?

Celui qui essaie.

Et puis si aucun des deux n’en a envie, ce n’est pas un drame, il y a des tas d’autres choses qu’on peut faire à deux, même de sexes opposés.

Je vous le promets.

Essayez.