La Fée Pourquoi-Pas

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vendredi, 26 juin 2009

Bonjour, vous êtes libres ?

Question banale dans un certain contexte, et pourtant, question fondamentale... Qu'on devrait se poser, au moins, tous les matins !

Est-ce que je suis libre ? Allez, aujourd'hui, on se la pose !

-Libre de choisir mes amis ?

Tout dépend... si vous êtes en couple, il va être difficile voire impossible d'avoir un ou des amis du sexe opposé. Ca ne se fait pas d'aller au ciné, en balade ou simplement partager un moment avec un(e) ami(e) potentiellement rival(e) de votre cher(e) et tendre...

Mais tout va bien, on ne se pose même pas la question puisque se la poser serait tout simplement incorrect ! Pourquoi avoir besoin d'un(e) autre ami(e) alors qu'un seul être devrait nous suffire ? Notre personnalité est à ce point petite qu'elle se suffit à échanger avec une seule personne ! Vouloir s'en envoler de temps en temps serait pis qu'une infidélité !

Mieux vaut se contenter de regarder la télé, un bon match de foot... des dizaines de bons matchs de foot... un bon film romantique... des dizaines de bons films romantiques... ça ce n'est pas de l'infidélité puisqu'on ne s'y épanouit pas, on s'en "contente", ouf !

-Libre de m'habiller comme je le veux ?

Oui, si tu n'as pas peur d'être ringard... La mode est là pour te dicter chaque année ce que tu dois acheter, par qui il doit être fabriqué et combien tu dois le payer. A part ça tu mets ce que tu veux ! Tu veux quoi ? Un habit fabriqué pas loin de chez toi ? Ah, là ça va être plus difficile... Un vêtement de telle ou telle forme, telle ou telle couleur ? Ah, du sur-mesure, là ça va être très cher... Mais chacun fait comme il veut, puisque nous vivons dans une société libre !

-Libre... de me tromper alors ?

Te tromper ? Mais pour quoi faire ? Prends ce GPS, il t'indiquera le seul et bon chemin; prends cette pâte tout faite, ce plat tout prêt, là tu es sûr de ne pas te tromper... et de manger pareil que tout le monde, sans avoir choisi ce que l'on met dedans ? Ben oui, et alors ?

Alors, si l'on n'a plus droit à l'erreur, on n'a plus droit non plus à la corriger, donc à progresser ? On n'a plus le droit de se tromper de chemin, de rencontrer des gens que l'on n'aurait pas dû rencontrer, de faire des choses imprévues... Mais à part ça tout va bien, on est libre ! Libres d'être sur LE bon chemin, le seul chemin autorisé...

-Libre de passer mon temps libre à faire ce que je veux ?

Bien sûr, surtout si tu avais décidé de regarder cette émission chiante, que tu n'avais pas prévu de t'oxygéner ce soir, que tu voulais justement écouter ce débat qui ne servira à rien, ou juste à te confirmer que tu es bien dans le droit chemin, que tu fais bien partie du groupe qui avance en rangs serrés. Ou alors tu avais choisi de jouer pendant des heures à un jeu qui te stresse et te fait mal au crâne ? Ca tombe bien, tu n'as que l'embarras du choix pour cela !

Mais libre de prendre le temps de se poser, de ne penser à rien, ou juste à ce que l'on veut faire de sa vie, à ces pensées qui nous hantent et nous nuisent parfois, au moyen de les surmonter... au moyen de rendre les autres heureux aussi.... ouhlala, mais pourquoi faire ? Tu ne préfères pas être libre de ne pas réfléchir ? De laisser les autres réfléchir pour toi ? Ah oui, c'est plus simple...

-Libre de faire ce que je veux, et juste ce que je veux ?

Mais bien entendu ! Une fois que tu auras fermé ta porte à clé, vérifié que ta voiture est bien toujours garée en bas, que tu as bien pensé à la fermer, que ton assurance te couvre bien en cas de vol, que ton micro-ondes n'est pas en panne (sinon tu vas manger quoi ?), que ton téléphone marche, pour appeler le magasin d'électroménager, parce que finalement ton micro-ondes ne fonctionne plus... de descendre à ta voiture avec ton four, pour l'emmener chez le marchand, qui ne répond pas au téléphone, de remonter chercher ton GPS, que tu avais rangé en lieu sûr pour qu'on ne te le vole pas, de remonter encore chercher le chargeur de ton portable, parce que le GPS ne connaît pas le magasin "vendtoutmaisréparerien", de téléphoner à ta famille pour dire que tu vas rentrer tard, de te dire que tu vas être obligé(e) de rattrapper demain le retard de ménage que tu n'as pas pu faire aujourd'hui... Ah oui, une fois que tu auras fait tout ça, alors là, tu pourras faire ce que tu veux ! Mais le plus simple, ce serait que tu aies juste envie de faire tout cela...

-Bon, mais au moins, libre de penser ce que je veux ?

Bien sûr Florent, tu as ta liberté de penser : tu es libre de te ronger les sangs pour un dîner, un repas de famille, une rencontre qui va avoir lieu le mois prochain... Libre de te sentir agressé par une remarque qui, pourtant, ne trahit que la malaise de celui qui la formule... Libre de te mettre en colère pour des détails matériels, de te sentir le point de mire de tous les petits malheurs, qui arrivent pourtant à beaucoup de gens... Libre de repenser à un mauvais moment de la journée alors que la soirée est magnifique dehors...

Bien sûr que tu es libre, tu choisis toi-même les dimensions de la cage de verre qui tient ton esprit enfermé dans ses nuisances. Mais n'y réfléchis pas trop, tu finirais par te rendre compte que tu n'es pas aussi libre que tu le crois.

Remarque, si tu y réfléchis un peu plus, peut-être finiras-tu par le trouver, le moyen d'être vraiment libre...

Et oui, la liberté va toujours de pair avec le risque : le risque de se tromper, de ne pas faire exactement ce qui était prévu, qu'il nous manque un truc, le risque de vivre, quoi.

La sécurité, elle, toute rassurante_et utile aussi parfois_qu'elle soit, est forcément une entrave, son maintien est la cause de nombreux soucis, de milliers d'heures passées à s'y consacrer, et elle est d'autant plus angoissante que l'on risque de la perdre... et si l'on ne s'est pas habitué au risque, celui-là peut nous bouleverser. La sécurité nous rend malheureusement esclaves, comme tout ce que la société de consommation nous fournit, tout prêt, avec la contrainte d'avoir à le préparer de telle ou telle façon et le handicap de ne pas savoir s'en passer, faire autrement, ou le réparer... Cela pourrait finalement être assez simple, il suffit de choisir entre la liberté et la sécurité alors ?

Oui... sauf si la sécurité était en fait une illusion... il est des risques qui ne se maîtrisent pas, et toute vie se termine par la mort, même si on passe des centaines d'heures à la préserver; dans un caisson à oxygène par exemple... Alors la seule possibilité qui s'offre à nous, finalement, c'est peut-être juste de vivre, en faisant de son mieux, avec ce que l'on a. C'est en tout cas la manière que j'ai trouvée pour être heureuse.

Et j'avais envie de la partager.

J’en ai pris la liberté.

jeudi, 4 juin 2009

Petite phallocratie du quotidien : bienvenue petite !

On en apprend tous les jours !

Je viens de découvrir certaines des racines de l'inégalité homme-femme dans l'éducation que l'on prodigue "instinctivement" à nos enfants. Instinctivement... ou plutôt traditionnellement, sans y avoir réfléchi. Jusqu'ici je me disais que ces "habitudes" n'avaient finalement pas grande conséquence, mais je crois bien que c'était une erreur.

Et la bonne nouvelle que cela amène, c'est qu'on va tous pouvoir les arracher, ces vilaines racines ! que l'on ait des gars ou des filles à la maison.

Tout est parti d'une remarque faite par un ami (pourtant pas sexiste du tout, en vrai), quand il a entraperçu l'éventualité, possiblement probable, que mon fils mette des chaussettes de sa fille, les siennes étant mouillées. Sa réaction fut immédiate "oh non, la honte ! des chaussettes roses..."

Et là, illumination pour moi : la honte ? pour les gars, mettre des trucs "de fille" (décrétés de fille, par notre société) c'est donc les rabaisser. Bon. Et pour les filles, mettre des trucs de gars, c'est moins grave ? oui apparemment. Ca fait pouffer, on trouve qu'elles ont l'air bête de se croire comme ça tout permis... mais pas la honte, ça non.

Alors j'ai observé, et j'ai remarqué que les différences "visuelles" filles-garçons, chez nos bambins, loin de s'être atténuées, se sont amplifiées depuis notre tendre enfance : jamais on n'a vu autant de princesses au carnaval ! fini les filles en cow-boy, en indienne ou quoi que ce soit d'autre : les filles sont en robe rose et les gars ont des tas de muscles qui sortent de leur costume de super-héros en mousse...

Mais attention jolies mesdemoiselles, prenez garde : aujourd'hui on vous dit (et on vous fait dire) que le rose "c'est pour les filles", mais demain, on vous dira, quand vous serez grandes, que "le ménage, c'est des trucs de fille" aussi ! Faire la lessive, le repassage, quand on est un mec ? oh la honte !

Alors, amis parents, si vous avez envie que cela change, que tout l'éventail des possibilités culturelles, professionnelles, sociales etc soient permises à vos enfants, qu'ils soient glaçons ou vanilles, ce n'est pas compliqué :

-si vous avez des filles, expliquez-leur ce qui se cache insidieusement sous cette différentiation et montrez-leur que TOUT peut leur aller, qu'elles peuvent s'intéresser à TOUT, qu'elles ont les capacités de faire aussi de la mécanique (et que c'est pas grave de se salir les doigts, même si on est une fille), de reconnaître des marques de voiture et pas seulement de fringues, qu'elles peuvent toucher à tout (suffit de se couper un peu les ongles, c'est bien plus pratique !), manipuler, trafiquouiller, bricoler, apprendre avec les mains et donc, plus tard, pouvoir participer aux conversations des mecs sans passer pour des nunuches.

-si vous avez des garçons, laissez-les s'habiller de la couleur qu'ils souhaitent (le rose vif c'est possible aussi pour un garçon, ça lui donne même un air d'assurance et de "virilité" assumée que je trouve assez charismatique) ! Mettre des barrettes, des trucs brillants, passer le balai ou l'aspirateur, tout ce qu'ils ont envie d'essayer. La virilité qui se sent affaiblie par ces petites choses n'est pas bien solide en elle-même ! Ils n'en seront pas moins des hommes s'ils aiment aussi prendre soin d'eux, des autres et de leur environnement. Ils sauront juste mieux assumer leur "part féminine", celle qui plaît tant aux filles...

Et avec tout ça, on a des chances que la génération future sache ENFIN se parler, se connaître, sans que cette vilaine barrière des sexes ne vienne tout gâcher.

Vous avez une mission de grande importance, parents ! Militez au quotidien pour que les conversations futures n'en soient pas toujours réduites à deux groupes qui essaient de s'entendre dans le brouhaha fait par l'autre : les filles qui parlent bébés, chiffons et même chippendales ou sex-toys d'un côté, et les gars qui parlent voiture, moto, bateau, pêche et sport, de l'autre. Quel ennui...

C'est en se connaissant mieux qu'on passera plus de temps ensemble, que les amitiés pourront enfin fleurir entre filles et garçons, et que le respect qui va avec aura enfin de beaux jours devant lui ! Youpi !

Et si on se parlait ?

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